La femme de lettres espagnole Anna Rosselló (photographie : Vilaweb)
L’on apprenait ce mardi 21 avril le décès à Barcelone (Catalogne), à l’âge de 96 ans, de la femme de lettres espagnole Anna Rosselló i Elias, qui était née à Flix, dans la province de Tarragone (Catalogne), en 1923. Opposante à la dictature franquiste (1939-1975), elle s’exile pendant un temps au Brésil en 1956 avec son mari, Josep Travesset, et sa fille, Carme, alors âgée de deux ans et demi.
Elle entame alors un tour d’Amérique latine à la rencontre des populations amérindiennes au Brésil, en Bolivie, au Pérou, en Équateur, en Colombie, au Panamá, au Costa Rica, au Nicaragua, au Honduras, au Salvador et au Guatemala. Activiste indépendantiste catalane, elle est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages relatant notamment son périple latino-américain.
Le siège du collège et lycée Ramiro-de-Maeztu, rue Michel-Ange, à Madrid (photographie : Wikipedia)
La scolarisation des enfants des personnes issues de l’immigration est une priorité des autorités éducatives espagnoles et l’école devient ainsi un bon reflet de l’origine géographique des immigrés installés outre-Pyrénées. C’est notamment le cas à Madrid, l’un des principaux lieux d’accueil de ces migrants. L’on remarque ainsi ces dernières années un accroissement des élèves venus du Venezuela : lors de l’année scolaire 2014-2015, ils étaient 1 665 enfants de ce pays à s’être inscrits dans une école madrilène alors qu’ils sont 6 501 pour l’année scolaire 2018-2019.
Ces chiffres sont fournis officiellement par le conseiller régional de la Communauté de Madrid à l’Éducation et à la Jeunesse, Enrique Ossorio Crespo (Parti populaire). Au cours des derniers mois, près de 6 000 demandeurs d’asile originaires du Venezuela se sont manifestés auprès des services sociaux de la communauté autonome, ce qui laisse supposer un maintien de cette tendance au niveau scolaire. D’autres nationalités latino-américaines sont concernées par cet accroissement : le Honduras (+ 34,5 % d’élèves), la Colombie (+ 21,8 %) et le Pérou (+ 15,7 %).
Un serveur d’origine étrangère dans un bar espagnol (photographie : El Economista)
Au cours de l’année 2018, 90 774 résidents étrangers outre-Pyrénées ont obtenu la nationalité espagnole, soit une augmentation de 36,5 % par rapport à 2017, selon les chiffres fournis au mois de décembre 2019 par l’Institut national des Statistiques (Instituto Nacional de Estadísticas, INE), sis à Madrid. La nationalité étrangère qui a le plus bénéficié de cette vague de naturalisations sont les Marocains, suivis des Latino-Américains (dans l’ordre décroissant, les Boliviens, les Équatoriens, les Colombiens, les Dominicains, les Péruviens, les Cubains, les Paraguayens, les Brésiliens, les Argentins, les Vénézuéliens, les Honduriens et les Uruguayens).
Le pays de naissance le plus courant de ces citoyens naturalisés est l’Espagne (17 256 cas) et, dans leur majorité, il s’agit d’enfants âgés de moins de 10 ans (86,4 %). Parmi les citoyens naturalisés nés à l’étrangers, les Marocains sont majoritaires (15 398 acquisitions de nationalité). C’est au Pays basque (4,3 %), en Navarre (3,9 %) et en Principauté des Asturies (3,7 %) que le phénomène a été le plus intense si on le rapporte à la population étrangère résidente en 2018. Au contraire, dans les îles Baléares (1,2 %), en Andalousie (1,4 %) et aux îles Canaries (1,4 %), le mouvement été bien plus modéré.
Une famille d’immigrés vénézuéliens en Espagne (photographie : Sergio Valero et El Mundo)
L’instabilité internationale, qui frappe notamment le continent américain, pousse de nombreux immigrés à demander l’asile dans des pays qu’ils jugent plus sûrs, dont l’Espagne. Selon les données fournies par le Bureau de l’Asile et des Réfugiés (Oficina de Asilo y Refugio) de notre voisin ibérique, la situation a explosé cette année puisque, rien qu’au premier semestre 2019, le pays a enregistré 55 498 demandes officielles d’asile, à peine 170 de moins que sur l’ensemble de 2018. Entre 2006 et 2015, la moyenne annuelle était de 5 460 dossiers à traiter.
La liste des nationalités des demandeurs d’asile en Espagne est largement latino-américaine, puisque cinq pays de la région (Venezuela, Colombie, Nicaragua, Honduras et Salvador) représentent à eux seuls 40 826 demandes sur le total. D’habitude, l’essentiel des demandes venait d’Algérie, d’Ukraine, de Palestine et de Syrie. Il faut dire que le système des visas facilite aujourd’hui l’entrée de Latino-Américains en Espagne en comparaison des ressortissants de pays arabo-musulmans ou d’Europe de l’Est.
La foule se presse sur les célèbres Ramblas de Barcelone, en Catalogne (photographie : EFE et Cinco Días)
Selon les données communiquées par l’Institut national des Statistiques (INE), la population espagnole a atteint un nouveau maximum au 1er janvier 2019 avec 46,934 millions de personnes, soit 0,59 % de plus qu’au 1er janvier 2018 (ou, en d’autres termes, un accroissement de 276 186 habitants). La population de notre voisin ibérique surpasse ainsi le record du 1er janvier 2012, qui s’établissait à 46,818 millions de personnes.
Cette augmentation n’est pas due au solde végétatif, puisque ce dernier est négatif (- 56 262 personnes), mais bien au solde migratoire, très nettement positif (+ 333 672 personnes). Le nombre d’étrangers outre-Pyrénées atteint désormais les 4,848 millions de citoyens et les plus fortes augmentations dans le domaine sur l’année écoulée sont dues aux Vénézuéliens (+ 47 %), aux Honduriens (+ 32,4 %), aux Colombiens (+ 25,1 %) et aux Péruviens (+ 20,2 %).
Des émigrants vénézuéliens traversent la frontière de leur pays avec la Colombie (photographie : EFE et La Razón)
Tout au long de l’année 2018, les demandes d’asile en Espagne ont explosé car elles ont progressé de 73 %, selon les données fournies au mois de février 2019 par la Commission espagnole d’Aide aux Réfugiés (CEAR). Et comme en 2017, les Vénézuéliens qui fuient la crise politique et économique dans leur pays font la une des journaux car ils représentent la première nationalité demandeuse d’asile.
Ils sont suivis par les Colombiens, les Syriens et les Honduriens. La secrétaire générale du CEAR, Estrella Galán, a souligné que seule une minorité de ces demandes d’asile sont acceptées en Espagne. Dans le cas des Vénézuéliens, par exemple, seuls 30 dossiers ont été validés, contre 1 495 rejetés.
Le roi d’Espagne, Philippe II (deuxième), en compagnie du président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez (Parti socialiste ouvrier espagnol – premier), et du ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, Josep Borrell (PSOE – troisième), lors du Sommet ibéro-américain de 2018 (photographie : EFE et El País)
Dans le cadre du XXVIe Sommet ibéro-américain, qui réunissait les pays hispanophones et lusophones d’Europe et d’Amérique à La Antigua (Guatemala) ce weekend, le roi d’Espagne, Philippe VI, et le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez (Parti socialiste ouvrer espagnol), ont cherché à tendre des ponts vers l’Amérique centrale afin de renforcer la coopération avec cette région. En l’absence de plusieurs présidents latino-américains, qui se sont faits représenter pour l’occasion (comme Mauricio Macri, président argentin ; Sebastián Piñera, président chilien ; Tabaré Vázquez, président uruguayen ; ou encore Iván Duque, président colombien), cette collaboration apparaît tout à fait cruciale.
Par ailleurs, le président mexicain, Enrique Peña Nieto, et le président brésilien, Michel Temer, sont sur le départ, respectivement en faveur d’Andrés Manuel López Obrador et Jair Bolsonaro. Philippe VI et Pedro Sánchez ont donc accentué le dialogue avec le représentant nicaraguayen à La Antigua mais également avec le président guatémaltèque, Jimmy Morales ; le président panaméen, Juan Carlos Varela ; le président hondurien, Juan Orlando Hernández ; le président dominicain, Danilo Medina ; et le président salvadorien, Salvador Sánchez Cerén. D’ailleurs, Madrid continuera de se faire l’avocate de l’accord d’association en vigueur entre l’Union européenne et l’Amérique centrale.
L’ancien chef de cabinet de Mariano Rajoy (Parti populaire), Jorge Moragas (photographie : Isabel Permuy et ABC)
Après avoir démissionné de son poste de chef de cabinet de Mariano Rajoy (Parti populaire) et être devenu l’ambassadeur de l’Espagne à l’Organisation des Nations unies (ONU), Jorge Moragas a été élu par l’Assemblée générale pour en devenir l’un des vingt-et-un vice-présidents et ainsi représenter son pays.
Il accompagnera ainsi la nouvelle présidente de l’Assemblée générale, l’Équatorienne María Fernanda Espinosa, qui a triomphé d’une autre responsable latino-américaine, la Hondurienne Mary Elizabeth Flores.
Une manifestation de Vénézuéliens à Madrid en avril 2017 (photographie : EFE et Libre Mercado)
La récente crise des migrants, l’afflux de réfugiés politiques ou économiques venus d’Afrique et d’Asie mais aussi d’Amérique latine et, plus globalement, les grands mouvements de populations que connaissent le monde depuis des décennies et en particulier sur les dernières années touchent aussi l’Espagne, qui est par exemple en premier ligne avec ses enclaves de Ceuta et Melilla, au Maroc. Selon les statistiques fournies par la Commission espagnole d’Aide au Réfugié (CEAR) dans un rapport dévoilé ce vendredi 16 juin, 15 700 personnes ont officiellement déposé une demande d’asile auprès des autorités espagnoles en 2016. Seules 355 demandes ont été approuvées sur ce total, ce qui est toutefois plus qu’en 2015 (220 demandes acceptées). Néanmoins, il faut ajouter que 6 500 demandeurs d’asile ont reçu une protection particulière de la part de l’Espagne.
C’est du Venezuela que viennent l’essentiel de ces demandeurs d’asile dont le cas a été traité par Madrid, avec 3 960 personnes concernées. Le pays est suivi de la Syrie (2 975 personnes), de l’Ukraine (2 570), de l’Algérie (740), de la Colombie (615), du Salvador (425) et du Honduras (385)
La reine Letizia lors de sa première visite de coopération en tant que femme du chef de l’État, en mai 2015, au Honduras (photographie : Hola)
Depuis dix ans, le Ministère espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération promeut l’un de ses principaux programmes, le Fonds de Coopération pour l’Eau et l’Assainissement (FCAS), qui a permis à près de trois millions de Latino-Américains de disposer de l’eau courante et de sanitaires dignes de ce nom. Alors qu’était célébrée ce mercredi 22 mars la Journée mondiale de l’Eau, l’Agence espagnole de Coopération internationale pour le Développement (AECID) a révélé plusieurs données statistiques à ce sujet : près de 790 millions d’euros ont été répartis par notre voisin pyrénéen sur la planète entière au bénéfice de 19 pays, dans le cadre de 67 programmes qui concernent l’adduction d’eau à des fins d’alimentation ou d’hygiène. Le Fonds a également pu compter sur la participation d’autres partenaires, notamment espagnols, avec un portefeuille de dépenses de 1,3 milliard d’euros au total.
Le directeur de l’AECID, Luis Tejada, souligne d’ailleurs dans une récente interview que l’Espagne a toujours été à l’avant-garde dans la défense des droits de l’homme en matière d’accès à l’eau potable. Lors de son premier voyage de coopération en tant que reine d’Espagne, qui se déroulait en Amérique centrale, Letizia a donné une forte visibilité au FCAS. L’Agence espagnole de Coopération internationale pour le Développement travaille actuellement sur de nombreux projets de traitement des eaux usées en Bolivie, au Salvador, au Guatemala, au Nicaragua, au Paraguay et en République dominicaine, mais également dans des pays non hispanophones d’Amérique, comme Haïti. L’objectif de l’AECID est de s’assurer le partenariat matériel, financier et humain des gouvernements nationaux et locaux en la matière.