
Que le référendum séparatiste catalan illégal et illégitime du 1er octobre fût une farce, personne de sérieux n’en doutait vraiment. Le précédent de la consultation référendaire du 9 novembre 2014, qui avait apporté son lot d’irrégularités, permettait de se représenter par avance la façon dont allait se dérouler cette pantomime de scrutin. Le moins que l’on puisse dire est que les autorités de la Généralité de Catalogne ne nous ont pas déçus de ce point de vue-là. Plusieurs journalistes de différentes chaînes de télévision ou de différents titres de presse ont ainsi démontré que l’on pouvait voter plusieurs fois (puisque le logiciel de gestion des listes électorales utilisé par le pouvoir barcelonais a montré de très nombreuses failles au cours de la journée), voire voter avec un faux numéro d’identité. L’association séparatiste Òmnium cultural avait demandé dès le 27 septembre, dans un document envoyé à des citoyens catalans, de détruire les bulletins de vote une fois recomptés par les collèges électoraux, ce qui est tout de même un curieux procédé. Dans la matinée, face aux multiples problèmes informatiques qui se posaient, le président de la Généralité, Carles Puigdemont, a offert la possibilité aux citoyens de voter dans le bureau de leur choix, ce qui contrevient là aussi à tous les usages démocratiques et à la transparence d’un scrutin.
De nombreuses autres irrégularités ont été constatées dans le cadre de ce scrutin et la liste que j’en présente ci-dessous ne saurait évidemment être exhaustive :
- les urnes choisies par le gouvernement régional catalan (Govern) sont opaques et cela faisait craindre le pire ;
- une chaîne de télévision espagnole a justement montré l’une de ces urnes opportunément pleine alors que le bureau de vote qui l’accueillait n’avait pas encore ouvert au public ;
- des citoyens pouvaient voter en pleine rue, dans une pagaille totale, sans que les listes électorales trafiquées de la Généralité ne soient émargées ;
- des annonces délirantes lors du dépouillement des voix, avec des communes comme Palol de Rebardit, peuplée de moins de 450 habitants, dans lesquelles ont voté 1 002 personnes (soit 213 % de participation), etc.
Dans ce contexte, comment donner du crédit aux résultats issus de ce référendum illégal, illégitime et largement contestable ? Comment faire confiance aux autorités catalanes qui, avant la proclamation de ces résultats illusoires, a déjà affirmé vouloir proclamer unilatéralement l’indépendance de la région ? Ces résultats annoncés par la Généralité de Catalogne montrent somme toute une participation assez faible de 42 % du corps électoral (lequel corps a été défini et obtenu par les autorités régionales dans une absence totale de transparence) et 90 % de « oui » à l’indépendance – soit 2,2 millions de personnes (contre 2,3 millions lors de la consultation du 9 novembre 2014). 38 % du corps électoral a donc validé l’indépendance – une petite minorité. Rappelons que, selon les données de la Généralité, 96 % des bureaux de vote étaient restés ouverts et que les électeurs inscrits dans les 4 % restants pouvaient aller voter dans un autre bureau de leur choix sans réel contrôle.
Quoi qu’il en soit, si l’on sait depuis longtemps que Carles Puigdemont et son gouvernement ont dépassé les limites et auraient dû démissionner, c’est aussi le poste du président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy (Parti populaire), qui est en jeu. Comment peut-il expliquer à ses administrés l’humiliation qu’a à nouveau subie l’Espagne au cours d’une journée où il a été incapable d’empêcher la tenue de cette farce électorale ? Et que se passera-t-il si les responsables d’un tel coup d’État ne sont pas rapidement traduits en justice ?
Sources : http://www.telecinco.es/informativos/nacional/referendum-votar-dos-veces-Cataluna_0_2444400418.html, https://okdiario.com/espana/2017/10/01/1-o-gran-mentira-dos-reporteros-okdiario-censados-madrid-votan-dni-falso-1373029, https://cronicaglobal.elespanol.com/politica/asi-prepara-omnium-referendum-1-o_89780_102.html, http://www.abc.es/espana/catalunya/politica/abci-govern-implanta-censo-universal-para-poder-votar-cualquier-colegio-201710010801_noticia.html, http://www.abc.es/espana/abci-sociedad-civil-demuestra-puede-votar-varias-veces-colegios-distintos-201710011730_noticia.html, https://twitter.com/detrastrastras/status/914578139598217216, https://elpais.com/ccaa/2017/10/02/catalunya/1506898063_586836.html, etc.
Peu importent les irrégularités, le Govern Catalan a largement gagné la bataille des images auprès de l’opinion espagnole et européenne. C’était le but en poussant les Catalans à l’affrontement passif avec la police nationale. L’indépendance n’a jamais été aussi proche depuis hier. Non pas à cause des resultats, mais de la gestion calamiteuse d’hier. Rajoy est tombé dans le piège à pieds joints mais avait-il le choix ?
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D’accord pour l’opinion européenne – moins pour l’opinion espagnole. La plupart des Espagnols sont très remontés contre les indépendantistes depuis longtemps. Ce n’est pas ce qui s’est passé hier (et qui a été beaucoup moins violent, disons-le en passant, que la répression des Mossos contre les indignés catalans, par exemple) qui va changer la donne.
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PS 2: j’étais électeur de Podemos mais après tout ceci, on ne m’y reprendra plus.
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Podemos est un parti anti-national depuis le début. Je l’ai toujours dit et son attitude d’hier l’a confirmé.
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