Trois des combattants espagnols partis en Irak pour combattre les membres de Daesh (photographie : El Confidencial)
Parrainé par le Parti patriotique assyrien d’Irak et une organisation française d’origine syrienne, la Dwekh Nasha est une milice composée de volontaires de plusieurs nationalités (dont des Français, des Britanniques, des Italiens, des Chiliens ou des Américains) dont l’objectif affiché est d’éliminer le plus grand nombre possible de membres de l’État islamique. Située en dehors de la coalition internationale qui bombarde ces derniers mois les positions de Daesh en Irak et en Syrie, cette brigade ouvertement chrétienne est composée de guerriers armés de kalachnikovs achetée sur le marché local.
Parmi ces miliciens, qui portent sur leur uniforme le blason de leur unité et le drapeau de leur pays d’origine, l’on compte plusieurs Espagnols, dont trois ont un passé militaire avéré, puisqu’ils ont été membres des bérets verts, de la Légion espagnole ou encore de brigades de parachutistes. Ces Espagnols, comme tous leurs compagnons d’armes, arrivent généralement en Irak par Erbil, capitale du Kurdistan irakien. Leur objectif est de patrouiller dans la région et de protéger les populations locales, notamment en localisant et désactivant les bombes posées dans cette zone sensible par l’État islamique. Sur leur uniforme, l’on peut voir un drapeau espagnol bien particulier puisqu’il est orné du Sacré Cœur de Jésus ainsi que symboles carlistes (c’est-à-dire liés à des monarchistes traditionalistes espagnols) et la devise « Je régnerai en Espagne ! Vive le Christ Roi ! » (¡Reinaré en España! ¡Viva el Cristo Rey!).
Cet ancien conseiller municipal de Susqueda, Oriol Ortín, est celui qui a révélé le réseau de corruption touchant sa commune (photographie : Manu Mart et El Español)
Situé dans la comarque de la Selva, dans la province de Gérone, le village catalan de Susqueda, peuplé d’un peu moins d’une centaine d’habitants, a une particularité peu enviable : il s’agit de la commune la plus corrompue de toute l’Espagne, avec près de 20 % de sa population mise en examen pour des faits de corruption au plus fort des affaires qui ont touché l’équipe municipale. Cette dernière est dirigée par la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), parti séparatiste qui est aussi à la tête de la communauté autonome de Catalogne avec la coalition Ensemble pour le Oui. C’est à cette première formation qu’appartiennent Joan Tardà et Gabriel Rufián, deux députés nationaux qui insultent l’Espagne (qui les paye pourtant grassement) à longueur de journée et dénoncent à la tribune, par des hurlements et des borborygmes, la corruption du Parti populaire (PP). L’hypocrisie indépendantiste est donc sans limites.
La commune de Susqueda, répartie en trois hameaux bien distincts les uns des autres, est surtout marquée par la création d’un barrage en 1968, qui a englouti l’ancien cœur du village. Ces trois hameaux sont séparés par des routes sinueuses et ne peuvent être reliés en voiture que par un voyage d’une heure à chaque fois. Susqueda bénéficie pourtant des dividendes de ce barrage et dépensait durant les années fastes près de 8 000 euros par habitant. Depuis des années, ces subsides considérables sont utilisés comme une arme politique qui vient récompenser les citoyens séparatistes et châtier ceux qui osent s’élever contre la dictature de la pensée unique. Élu pour l’ancienne Convergence et Union (parti de droite séparatiste) en 2007, le conseiller municipal Oriol Ortín, pompier de profession, a longtemps été le seul élu d’opposition dans la commune.
C’est à partir de 2009 qu’il a commencé à mettre en doute l’honnêteté et la transparence des comptes municipaux, notamment en matière de dépenses administratives. Il a réussi à attirer l’attention du procureur anticorruption de la juridiction, qui a fini par alerter le tribunal de Santa Coloma de Farnés. Finalement, plusieurs responsables de la commune ont été mis en examen : le maire, Joan Mercader, bien entendu, mais aussi sa première adjointe, Eva Viñolas, ainsi que quatorze autres personnes (des secrétaires, des anciens conseillers municipaux et même des membres de la famille des différents élus). Bien entendu, Oriol Ortín a fini par quitter la commune en raison de la pression exercée par les partisans de l’ERC, peu enclins à accepter que la justice les dérange dans leurs petites affaires…
Le journaliste néerlandais Marcel Haenen, l’un des symboles du durcissement du pouvoir catalan face à toute forme de contestation (photographie : El Mundo)
Le caractère de plus en plus dictatorial du pouvoir régional catalan, embarqué dans un processus séparatiste illégal et illégitime, est visible au travers de nombreux exemples mais deux d’entre eux ont particulièrement attiré notre attention ces dernières semaines. Le premier est celui du journaliste néerlandais Marcel Haenen, qui était à Barcelone pour couvrir les récents attentats terroristes de la capitale catalane et de la station balnéaire de Cambrils.Il est devenu malgré lui le centre d’attention lors d’une conférence de presse de la Généralité relative à ces événements malheureux.
Né en 1960, il travaille pour le journal NRC Handelsblad, quotidien du soir fondé en 1970. Lors de cette conférence à laquelle participaient des responsables de la police autonome catalane, les Mossos d’Esquadra, Marcel Haenen a demandé au major de ce corps des forces de l’ordre, Josep Lluís Trapero, de parler en espagnol, car il n’utilisait que le catalan. Face au refus obstiné de son interlocuteur, devenu le petit télégraphiste de Carles Puigdemont, président de la Généralité, Haenen a insisté. Voyant que la langue majoritaire et l’une des trois langues officielles de Catalogne (avec le catalan et l’aranais) n’allait pas être utilisée, Marcel Haenen a décidé de quitter la salle de conférence, ce à quoi Trapero a répondu (toujours en catalan) : « Eh bien, très bien, au revoir ». Toute personne qui ose contester la suprématie de ce qui devient la seule langue de l’administration régionale est désormais considérée comme indésirable…
L’autre exemple récent de cette radicalisation du pouvoir dictatorial catalan est sans nul doute celui du journaliste espagnol Gregorio Morán. Écrivain de renom, Morán était collaborateur de La Vanguardia, principal quotidien de la communauté autonome et propriété du groupe Godó, très proche de la Généralité, depuis 1988. Il a été limogé par l’actuel gestionnaire de la publication, Óscar Ferrer, par un simple fax. Quelle faute avait-il bien pu commettre ? Rédiger un article qu’il comptait publier le 22 juillet dernier (mais qui a été censuré par la rédaction) sur les dérives de l’actuelle processus sécessionniste catalan. Il s’y montrait très critique à l’égard de la Généralité et de plusieurs responsables politiques.Cette colonne, intitulée « Los medios del Movimiento nacional », c’est-à-dire « Les moyens du Mouvement national » (une référence à l’époque franquiste, à laquelle il comparait l’actuel pouvoir régional), n’a pas été du goût de la caste tyrannique qui dirige aujourd’hui la communauté autonome. N’oublions pas que Morán avait déjà été la cible d’attaques virulentes de la part de Pilar Rahola, hystérique passionaria de la droite nationaliste catalane, ou encore de Màrius Serra, lui aussi journaliste à La Vanguardia.
Sources : http://www.elcatalan.es/gregorio-moran-cataluna-se-esta-imponiendo-la-aplastante-apisonadora-del-pensamiento-unico/ et http://www.elmundo.es/espana/2017/08/29/59a47754e2704e9b068b4718.html
Une vue sur le palais de l’infant don Louis et sur ses jardins (photographie : Tele Boadilla)
C’est en 2011 que se sont achevés les travaux de rénovation et de réhabilitation du palais de l’infant don Louis (palacio del Infante Don Luis), chef-d’œuvre architectural et historique de la banlieue madrilène puisqu’il est situé sur le territoire de la commune de Boadilla del Monte, à l’Ouest de la capitale. Il s’agit d’un ensemble bâti au XVIIIe siècle par le célèbre architecte néoclassique espagnol Ventura Rodríguez et qui tire son nom de l’infant don Louis, sixième fils du roi Philippe V (1700-1746). Cet enfant de la royauté a en effet acquis en 1761 les terres sur lesquelles il a été érigé par la suite auprès de Josefa Micaela, marquise de Mirabal. Construit sur un plan rectangulaire de 80 mètres de longueur sur 17 mètres de largeur, il s’étend sur une superficie de 6 300 mètres carrés. Déclaré monument national à la fin de la période franquiste, en 1974, il est racheté par la municipalité de Boadilla del Monte en 1988 à la famille Rúspoli, qui a hérité du titre de marquis de Boadilla.
En 2006, la ville de Boadilla del Monte cède l’édifice à la Société générale des Auteurs (SGAE), organisation musicale, afin qu’y soit mené à bien un projet culturel. Pourtant, la Communauté de Madrid rejette ce projet qui risquait de dégrader des restes archéologiques trouvés sous le jardin du palais de l’infant don Louis. C’est finalement en 2011, après plusieurs années de travaux, qu’est rouverte cette merveille au grand public. Rien que sur le premier semestre de l’année 2017, 40 000 personnes se sont pressées entre ses murs et 20 000 ont visité ses jardins.
Une partie du satellite CHEOPS, de conception espagnole (photographie : TEDAE et Marca España)
Son nom est CHEOPS et il fait la fierté de l’industrie aéronautique espagnole. Construit presque intégralement par notre voisin ibérique, il est l’œuvre d’un consortium de 24 entreprises dirigé par Airbus España et a coûté environ 50 millions d’euros à l’Agence spatiale européenne (ESA), qui l’a commandé. Il concerne onze pays et les autres grandes firmes qui le conçoivent sont, pour les plus importantes, espagnoles elles aussi, à l’image de GMV, CRISA, RYMSA, HV Sistemas, Invertia et Iberespacio. CHEOPS a été imaginé comme un « chasseur de planètes », puisqu’il sera chargé de rechercher dans l’espace des exoplanètes habitables pour l’être humain. Ce satellite s’inscrit fait partie d’un programme plus large baptisé PLATO (sigle signifiant Planetary Transits and Oscillation of Stars en anglais).
Réalisé à partir d’un plan hexagonal, CHEOPS est un projet mené à bien par un organisme espagnol, l’Institut de Technique aérospatiale (INTA), dont le siège se situe à Torrejón de Ardoz, dans la banlieue de Madrid. Ce centre de commandement est financé par le Centre pour le Développement technologique et industriel (CDTI), qui représente l’Espagne auprès de l’ESA aux côtés du Ministère de l’Économie, de l’Industrie et de la Compétitivité. Le satellite devrait être lancé, si le calendrier est respecté, à la fin de l’année 2018.
La signature de l’actuelle constitution espagnole par le roi Juan Carlos, en décembre 1978 (photographie : Madrid singular)
J’ai déjà évoqué sur ce blogla loi de transition et de fondation de la République catalane (sic), par laquelle les séparatistes prétendent mener à bien l’indépendance de la communauté autonome en cas de victoire au référendum illégal et illégitime du 1er octobre prochain. Les analyses continuent à pleuvoir à ce sujet et nombreux sont ceux qui ont fait remarquer un élément très révélateur à propos de ce texte. L’alinéa 2 de l’article 1 de l’actuelle constitution espagnole, approuvée par référendum en 1978, établit en effet la chose suivante (selon sa version française) : « La souveraineté nationale appartient au peuple espagnol, dont émanent les pouvoirs de l’État ». C’est, entre autres choses, cette courte phrase qui a été décisive lorsque la Cour constitutionnelle a dû invalider à plusieurs reprises les différentes décisions de la Généralité de Catalogne visant à rendre la région « indépendante ».
Elle implique en effet, d’un point de vue juridique, l’indivisibilité de cette souveraineté nationale, qui appartient à l’ensemble des Espagnols. Une partie d’entre eux ne peut donc se l’arroger, sauf à modifier le texte constitutionnel par les voies prévues. Cela signifie donc qu’un référendum indépendantiste ne peut être organisé dans l’une des communautés autonomes du pays. Bien qu’aucune organisation internationale unanimement reconnue n’ait approuvé la démarche catalane et que le droit international, lorsqu’on l’observe bien, ne conforte pas les autorités régionales dans leur délire, ces dernières n’ont pas perdu courage et n’ont cessé de dénoncer comme antidémocratique l’alinéa 2 de l’article 1 de la constitution. Selon eux, empêcher la sécession d’une région serait à la limite du fascisme.
Or, que découvre-t-on à l’article 2 de la loi de transition et de fondation de la République catalane ? Lisons ensemble la traduction en français de cet article : « La souveraineté nationale appartient au peuple de Catalogne, dont émanent tous les pouvoirs de l’État ». Cela ressemble fort à un copier-coller d’une disposition pourtant jugée antidémocratique. Cet article implique en effet à son tour qu’aucune région catalane ne pourra légalement faire sécession à l’égard de l’ensemble de l’hypothétique nouvelle république. Conclusion logique : le droit à l’autodétermination, le « droit de décider » tant vanté par les séparatistes ne s’applique que lorsqu’il les arrange. Imaginons que dans une Catalogne hypothétiquement indépendante, le val d’Aran ou la région de Barcelone et Tarragone désirent organiser un référendum sur leur indépendance (voire sur leur rattachement à l’Espagne rémanente), ils n’en auraient donc pas le droit et le vote ne serait tout à coup plus l’expression maximale de la démocratie.
Le centre pénitentiaire Mas d’Enric, situé à Tarragone, en Catalogne (photographie : El Confidencial)
L’on ne répètera jamais suffisamment que le processus séparatiste catalan illégal et illégitime en cours dans la communauté autonome se fait avant tout au détriment des Catalans eux-mêmes. Les exemples abondent en la matière et le dernier cas en date est celui des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire régionale, qui, en ce mois d’août 2017, n’en peuvent plus et l’ont fait clairement comprendre au président de la Généralité, Carles Puigdemont. Après une série de quarante agressions contre les surveillants rien que dans la prison des Quatre-Chemins, la Centrale syndicale indépendante et des Fonctionnaires (CSIF) a tiré la sonnette d’alarme.
Elle a notamment adressé tout un ensemble de reproches très durs à la coalition Ensemble pour le Oui et à la Candidature d’Unité populaire (CUP), actuellement majoritaires au Parlement régional catalan (Parlament). Elle a justement fait remarquer au conseiller régional à la Justice, Santi Vila, que le pouvoir barcelonais disposait de millions d’euros pour le processus séparatiste en cours mais d’aucun crédit supplémentaire pour les prisons régionales, qui sont sous sa responsabilité. Par ailleurs, cette centrale syndicale a rappelé qu’il devenait difficile pour des représentants de la Généralité dans les prisons de faire respecter la loi et l’ordre alors que les élus de la CUP sont les premiers à défendre les terroristes et criminels.
Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy (à gauche), et le président de la République française, Emmanuel Macron, lors de leur conférence de presse commune après leur premier déjeuner à Paris, le 16 juin 2017 (photographie : AFP et OKDiario)
Ce lundi 28 août, le président de la République française, Emmanuel Macron, accueillait à Paris le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président du Conseil italien des ministres, Paolo Gentiloni, à un dîner politique précédé d’une réunion avec plusieurs dirigeants africains. Étaient présents à ce sommet, outre les personnes susnommées et la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, l’Italienne Federica Mogherini, des représentants du Tchad, du Niger et de la Libye. Les deux principaux thèmes abordés lors de la rencontre entre dirigeants européens africains et européens ont été le terrorisme et les flux migratoires actuels.
À cette occasion, Mariano Rajoy a rappelé que l’Espagne accueillera bientôt une rencontre entre le ministre de l’Intérieur des six principaux pays de l’Union européenne (Espagne, France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni et Pologne). Il a également annoncé que notre voisin pyrénéen organisera à l’automne (plus précisément entre la fin du mois d’octobre et le début du mois de novembre) une rencontre entre l’Espagne, la France, l’Allemagne et l’Italie d’un côté et plusieurs pays africains de l’autre afin de préparer le prochain sommet UE-Afrique, qui aura lieu les 29 et 30 novembre prochains en Côte d’Ivoire.
Les représentants de la coalition Ensemble pour le Oui et de la Candidature d’Unité populaire – dont Lluís Corominas (au centre), président du groupe Ensemble pour le Oui au Parlement régional catalan – ce 28 août lors de la présentation de leur « loi de rupture » (photographie : Joan Sánchez et El País)
Dans le cadre du processus séparatiste illégal et illégitime mis en place ces dernières années par la Généralité de Catalogne, les représentants de la majorité au Parlement régional catalan (Parlament), la coalition Ensemble pour le Oui et la Candidature d’Unité populaire (CUP), ont révélé ce lundi 28 août au public, lors d’une conférence de presse, le contenu précis de la « loi de rupture » préparé par les autorités régionales depuis plusieurs mois. Ce texte, qui s’intitule exactement « loi de transition et de fondation de la République catalane » (sic), comprend 89 articles et trois dispositions finales. Parmi ces dernières, l’une d’entre elles précise que la loi ne s’appliquera qu’en cas de victoire du « oui » au référendum séparatiste du 1er octobre prochain – quand bien même ce référendum, qui n’est reconnu par quasiment aucun État au monde ni aucune organisation internationale, ne présente aucune des garanties élémentaires que l’on serait en droit d’attendre.
Il convient de s’arrêter brièvement ce texte (disponible intégralement en catalan sur la toile), qui vise à substituer l’autorité d’une hypothétique République catalane à celle du Royaume d’Espagne, notamment en transformant les grandes institutions espagnoles présentes dans la communauté autonome en institutions catalanes. Le Tribunal supérieur de Justice de Catalogne (TSJC) deviendrait ainsi une Cour suprême catalane. Une amnistie serait immédiatement prononcée en faveur des anciens responsables régionaux catalans (comme l’ancien président de la Généralité, Artur Mas, ou encore Joana Ortega, Irene Rigau et Francesc Homs) poursuivis par la justice espagnole à juste titre pour prévarication. Si le député de la CUP présent lors de la conférence de presse de ce 28 août, Benet Salellas, s’est empressé d’expliquer que la corruption des grands dirigeants politiques catalans ne ferait pas l’objet d’une amnistie, l’on est en droit de douter de l’impartialité et de l’indépendance de la justice dans une république bananière catalane qui a pris l’habitude de balayer par la force s’il le faut toute opposition à sa politique indépendantiste.
Cette loi n’est pas à proprement parler un texte constitutionnel mais la future constitution d’un hypothétique État catalan indépendant s’en inspirera de toute évidence. Elle laisse toutefois certains éléments de côté, comme la constitution d’une possible armée catalane (dont l’existence n’est pas certaine) – car, selon cette loi, en cas de victoire du « oui » au référendum illégal et illégitime du 1er octobre prochain, l’armée espagnole et tous les représentants de l’ordre liés à Madrid devront quitter le territoire. L’on se demande comment le pouvoir putschiste de Barcelone compte les déloger de l’endroit où ils se trouvent…
En cas de victoire des séparatiste au référendum (et ce quelles que soient les conditions dudit référendum), la République catalane devra être constituée au plus tard le 1er octobre 2018. Le délai peut paraître court (et il l’est objectivement) mais il faut dire que la Généralité de Catalogne se moque en réalité du vote des citoyens catalans et a déjà décidé il y a longtemps que l’indépendance était un fait acquis. La loi de transition prévoit par ailleurs la constitution d’une figure du président de la République catalane (qui serait l’évolution de l’actuel poste de président de la Généralité). Les langues officielles de cette hypothétique République catalane seraient le catalan, l’espagnol et l’aranais – mais l’on peut là aussi douter que de telles dispositions seraient respectées étant donné le sort réservé aux citoyens catalans hispanophones dans la Catalogne actuelle. La question de la part de la dette publique espagnole qui devrait être prise en charge par l’hypothétique Catalogne « indépendante » n’est pas réglée par ce texte et fera l’objet, selon le monde séparatiste régional, d’une « négociation » avec Madrid. L’on se demande ce qu’il y a à négocier étant donné la jurisprudence internationale en la matière. Le pouvoir putschiste régional espère sans doute se débarrasser d’une charge qui lui reviendrait pourtant, surtout au vu de ses finances régionales déjà très délicates…
L’indépendance pour rire de la Catalogne devrait, toujours selon la loi de transition, se faire dans le respect total des lois et normes européennes. La continuité serait aussi assurée avec les dispositions juridiques espagnoles qui ne déplairaient pas trop au pouvoir barcelonais. Non contents de faire leur marché et de continuer à appliquer des traités internationaux ou bilatéraux sans l’avis des tierces parties concernées, les indépendantistes catalans veulent aussi octroyer automatiquement la double nationalité catalane et espagnole à leur futurs administrés (tout du moins pour ceux qui, au 31 décembre 2016, habiteraient depuis au moins deux ans en Catalogne). Cette disposition amène deux commentaires :
1- il est évident qu’il s’agit d’une tentative désespérée de la part des séparatistes de ne pas trop inquiéter leur opinion publique (très sourcilleuse sur la question européenne), mais c’est à l’Espagne que reviendrait la décision d’attribuer ou pas la nationalité espagnole à des citoyens étrangers – si elle le refusait, une hypothétique République catalane « indépendante » ne pourrait RIEN y faire ;
2- à quoi cela sert-il de bafouer toutes les lois et le droit international, d’enchaîner pendant des années les provocations et humiliations, de soumettre sa population à une processus inique et dictatorial si, une fois l’indépendance tant désirée obtenue (même au prix d’un référendum sans aucune garantie), les citoyens de l’entité devenue indépendante gardent aussi leur nationalité d’origine ?
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet. Les premières analyses pertinentes de la loi de transition et de fondation de la République catalane ont déjà été livrées et d’autres paraîtront dans les prochaines semaines. Notons toutefois que le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a reçu par téléphone le soutien du premier secrétaire du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sánchez, au sujet de ce texte. De son côté, la vice-présidente du gouvernement, ministre de la Présidence et des Administrations territoriales, Soraya Sáenz de Santamaría, est rentrée en contact avec José Manuel Villegas, secrétaire général du parti Citoyens, afin de coordonner une réponse nationale.
Sources : https://elpais.com/ccaa/2017/08/28/catalunya/1503903673_644898.html, https://okdiario.com/espana/cataluna/2017/08/28/ley-transitoriedad-preve-echar-ejercito-cataluna-asumir-control-aduanas-1272906, http://www.abc.es/espana/catalunya/politica/abci-puntos-clave-ley-transitoriedad-201708281427_noticia.html, http://www.abc.es/espana/abci-rajoy-y-sanchez-comprometen-hacer-frente-forma-conjunta-desafio-soberanista-catalan-201708281408_noticia.html et https://okdiario.com/espana/2017/08/28/vicepresidenta-llama-villegas-cs-abordar-reaccion-ley-ruptura-catalana-1273431
Le ministre espagnol de l’Intérieur, Juan Ignacio Zoido (à gauche), serre la main de son homologue français, Gérard Collomb (photographie : La Croix)
La chaîne de télévision française France 2 évoquait le 23 août dernier la réunion bilatérale à Paris entre le ministre espagnol de l’Intérieur, Juan Ignacio Zoido, et son homologue français, Gérard Collomb. Cette rencontre, prévue de longue date et rendue encore plus nécessaire suite aux attentats des 17 et 18 août derniers, à Barcelone et Cambrils, vise à renforcer la coopération antiterroriste entre les deux pays, notamment en matière policière : http://www.francetvinfo.fr/monde/espagne/barcelone/france-espagne-quelle-cooperation-policiere_2339477.html